- Histoire, Terre de Parfum
- Masha Russac
Terre de Parfum : l’Égypte
C’est l’Égypte ancienne qui favorise l’éveil des mélanges olfactifs grâce, en autre, à la vallée du Nil, propice à la culture de nombreuses plante à parfum, et qui devient le pays fournisseur de diverses essences et d’huile de ben (une huile tirée des graines d’un arbuste d’Asie et d’Afrique septentrionale, le moringa peregrina).
D’abord à destination des dieux, le parfum est brûlé sur les autels sacrés. Il participe aussi aux rituels d’embaumement et de momification. Les Égyptiens se passionnent pour le devenir de l’âme humaine après la mort, la dépouille du pharaon est conservée et ils développent un grand soin à la momification du corps, approfondissant l’art du parfum autant que la ferveur à l’égard du monarque. Il n’existe pas un rituel sans encensoir et encensements.
Chaque jour, dans les temples, on honore les dieux par des offrandes parfumées. On offre de l’encens et des fleurs aux divinités, au souverain, que les prêtres représentent. On accomplit ces rituels sacrés sous forme de fumigations parfumées, au minimum trois fois par jour. Le matin on utilise de la résine, le midi de la myhrre et le soir du kyphi.
On y trouvait notamment généralement de dix à seize ingrédients : le souchet odorant, du miel, de la cannelle, de la myrrhe, des baies de genièvre et du bois de santal, mais aussi la térébinthe, les graines de genévrier, le nard, les fleurs de genêt, le jonc odorant.
La préparation des parfums et autres huiles liturgiques se fait principalement à l’abri, dans des laboratoires, car à cette époque, ce sont surtout les prêtes qui connaissent l’art de la parfumerie ; de ce fait ils peuvent être considérés comme les premiers parfumeurs. Cependant, les profanes ne s’en privent pas pour autant, lui découvrant des vertus aphrodisiaques et thérapeuthiques et lui accordant une grande importance dans leur vie quotidienne, en particulier à l’encens. Le parfum est lié aux différentes occasions de la vie sociale, aux festivités, aux événements funéraires et aux nombreux rituels.
Le parfum est associé à la vie autant qu’à la mort, au profane autant qu’au sacré, aux bienfaits thérapeutiques autant qu’au culte du corps et aux jeux de séduction. Le parfum à base d’alcool n’existant pas encore, on utilise des matières brutes : fleurs, plantes aromatiques et résines.
L’art du parfumeur de l’Égypte antique constitue un savoir-faire véritablement spécifique. Dans son Histoire Naturelle (livre XII, 7), Pline l’Ancien rappelle les deux éléments qui permettent de réaliser un parfum : la partie liquide (sucus) et l’essence (corpus). Idéalement situé au carrefour des traditions orientales et africaines, les parfumeurs alexandrins possédaient une maitrise parfaite de la fabrication des parfums et des onguents.